Le 19 juin 2025, le Parlement a adopté à l’unanimité la proposition de loi réformant en profondeur la profession infirmière. Cette réforme, saluée comme « historique » par de nombreux acteurs du secteur, redéfinit les contours du métier d’infirmier en France. Cependant, malgré ces avancées, la question cruciale de la revalorisation salariale demeure en attente.
Des avancées pour la profession
La nouvelle loi introduit plusieurs changements significatifs :
- Expérimentation de l’accès direct aux soins infirmiers : dans cinq départements, les patients pourront consulter un infirmier sans passer par un médecin, dans le cadre d’un exercice coordonné.
- Reconnaissance de la consultation et du diagnostic infirmiers : affirmant ainsi l’autonomie clinique des infirmiers.
- Élargissement du droit de prescription : les infirmiers pourront prescrire certains produits de santé et examens complémentaires, dont la liste sera définie par arrêté ministériel.
- Intégration de l’orientation des patients : les infirmiers contribueront à orienter les patients et à coordonner leur parcours de santé.
- Reconnaissance des missions socles : une nouvelle définition du métier, indépendante du lieu ou du mode d’exercice, est établie.
- Reconnaissance explicite de la science infirmière et de la pratique avancée : notamment pour les spécialités IADE, IBODE et IPDE.
Expérimentation de l’accès direct dans cinq départements
La loi prévoit une expérimentation de l’accès direct aux soins infirmiers dans cinq départements pour une durée de trois ans. Cette initiative vise à améliorer l’accès aux soins et à désengorger les services médicaux. Les départements concernés seront déterminés par un décret pris après avis de la Haute Autorité de santé et de l’Académie nationale de médecine.
Un progrès… Mais sans revalorisation financière immédiate
Malgré ces avancées, la question de la revalorisation de la rémunération, pourtant au cœur des revendications des infirmiers, reste en suspens. L’article 1er de la loi prévoit l’ouverture d’une négociation sur la rémunération des infirmiers, afin de tenir compte de l’évolution de leurs compétences et de la pénibilité du métier. Cependant, cette négociation n’a pas encore débuté, et aucun calendrier précis n’a été annoncé. Cette situation suscite des inquiétudes au sein de la profession, qui craint que la reconnaissance de nouvelles compétences ne s’accompagne pas d’une revalorisation salariale à la hauteur des responsabilités accrues.
Une vigilance de mise pour la mise en œuvre
Le Conseil national de l’Ordre des infirmiers a exprimé sa satisfaction quant à l’adoption de la loi, tout en appelant à une vigilance accrue concernant la publication rapide et conforme des décrets d’application. Ces décrets sont essentiels pour que les avancées législatives se traduisent concrètement sur le terrain.
De même, les syndicats infirmiers insistent sur la nécessité d’une revalorisation salariale effective, soulignant que la reconnaissance des compétences doit s’accompagner de moyens financiers adéquats.
La loi infirmière de 2025 constitue une étape majeure dans la reconnaissance des compétences et de l’autonomie des infirmiers en France. Cependant, pour que cette réforme soit pleinement effective et bénéfique, il est impératif que la question de la revalorisation salariale soit rapidement abordée et résolue. Les infirmiers attendent désormais des actes concrets pour que cette reconnaissance législative se traduise par une amélioration tangible de leurs conditions de travail et de rémunération.
Désormais adoptée par les deux chambres après un accord trouvé en Commission Mixte Paritaire, la loi doit être promulguée dans un délai de 15 jours par le Président de la République, sauf saisine du Conseil constitutionnel. Elle ne pourra entrer pleinement en vigueur qu’après la publication des décrets d’application, attendus avec vigilance par l’ensemble de la profession.
Cet article a été rédigé pour le blog de dossierdesoins.fr, dans le but d’informer et de soutenir la communauté infirmière face aux évolutions législatives et professionnelles.