Les infirmières et infirmiers libéraux (IDEL) se trouvent actuellement dans une situation critique, marquée par des revendications longtemps ignorées. À l’aube de la formation d’un nouveau gouvernement suite à la récente dissolution de l’Assemblée nationale, il est impératif que ces professionnels de santé soient enfin entendus. Leurs demandes sont justifiées par des années de stagnation salariale et de dégradation des conditions de travail, aggravées par la crise sanitaire du Covid-19.
Une situation alarmante
Les IDEL jouent un rôle essentiel dans le système de santé français, notamment en assurant le maintien à domicile des patients. Cependant, malgré cette importance, leurs conditions de travail et leur rémunération sont loin d’être à la hauteur de leur engagement. Les tarifs des soins infirmiers, notamment l’acte médical infirmier (AMI), n’ont pas été réévalués depuis 2009. Ce gel tarifaire est d’autant plus injuste en période d’inflation, où le coût de la vie et des déplacements augmentent constamment.
Des revendications légitimes
- Revalorisation des tarifs : Les IDEL demandent une réévaluation des tarifs de base de leurs prestations. Actuellement, l’AMI est fixé à 3,15 €, un montant inchangé depuis plus de dix ans. Cette revalorisation est nécessaire pour compenser l’inflation et le coût croissant des soins et des déplacements.
- Amélioration des conditions de travail : Les conditions de travail des IDEL se sont détériorées, avec une augmentation des tâches administratives et une reconnaissance insuffisante des soins complexes qu’ils prodiguent. Les infirmières et infirmiers libéraux sont souvent confrontés à des situations de burn-out, avec une prévalence de pathologies musculo-squelettiques due à la manipulation fréquente de patients lourds.
- Reconnaissance professionnelle : Malgré leur rôle crucial durant la pandémie de Covid-19, les IDEL se sentent oubliés par les politiques de santé publique. Leurs compétences et leur dévouement méritent une reconnaissance équitable, comparable à celle accordée aux autres professionnels de santé dans les hôpitaux, qui ont bénéficié de revalorisations salariales dans le cadre du Ségur de la santé .
En février, dans la lettre ouverte adressée au ministre de la Santé, Frédéric Valletoux, le collectif Infirmiers en colère affirmait que les infirmiers et infirmières se voyaient régulièrement chargés de tâches dépassant largement leurs prérogatives. «Quel infirmier n’est pas allé chercher un traitement à la pharmacie parce que cette dernière ne peut pas livrer ?» ou encore : «Quel infirmier n’a pas passé un appel pour commander une ambulance ou pris un rendez-vous chez un spécialiste ou un examen pour son patient ?».
«Les processus sont de plus en plus complexes et chronophages», synthétise la lettre.
Un appel à l’action pour le nouveau gouvernement
Le futur gouvernement doit impérativement prendre en compte ces revendications et agir rapidement pour améliorer la situation des IDEL. Voici quelques mesures concrètes qui pourraient être mises en place :
- Négociations ouvertes : Il est crucial d’engager des discussions avec les syndicats et les représentants des IDEL pour revoir les grilles tarifaires et les conditions de travail.
- Réduction des tâches administratives : Simplifier les démarches administratives afin que les IDEL puissent se concentrer sur leurs missions de soins.
- Revalorisation des indemnités de déplacement : Augmenter les indemnités kilométriques pour refléter le coût réel des déplacements, alignant ainsi les conditions des IDEL avec celles d’autres professionnels de santé comme les kinésithérapeutes et les médecins.
Pourquoi la réponse du gouvernement est cruciale
Les IDEL assurent une continuité des soins vitale pour de nombreux patients, des personnes âgées aux patients chroniques. Ignorer leurs revendications pourrait non seulement détériorer davantage leurs conditions de travail, mais aussi mettre en danger la qualité des soins à domicile. Les professionnels de santé libéraux sont souvent la seule présence médicale régulière pour certains patients isolés, jouant un rôle psychologique et social majeur au-delà des soins médicaux qu’ils prodiguent.
Le nouveau gouvernement doit donc entendre et répondre aux appels des IDEL. Une action rapide et décisive est nécessaire pour garantir que ces professionnels puissent continuer à fournir des soins de qualité tout en bénéficiant de conditions de travail justes et de rémunérations adéquates. La reconnaissance et la valorisation de leur travail sont non seulement une question de justice sociale, mais aussi une nécessité pour la pérennité du système de santé à domicile en France.
Les infirmières et infirmiers libéraux ne demandent qu’à être écoutés et respectés pour leur dévouement et leur compétence. Le nouveau gouvernement se doit de répondre à leurs attentes avec des mesures concrètes et immédiates, assurant ainsi un avenir plus juste et durable pour tous les acteurs de la santé en France.