Les infirmières et infirmiers libéraux de France sont en pleine effervescence. Face à des conditions de travail de plus en plus difficiles et une revalorisation tarifaire qui se fait attendre, le mouvement de contestation prend de l’ampleur. À l’approche des Jeux Olympiques de Paris 2024, plusieurs syndicats menacent de refuser de soigner les touristes si le gouvernement ne prend pas en compte leurs revendications.
Une Profession Négligée
Depuis la crise sanitaire du COVID-19, les infirmiers libéraux ont vu leurs conditions de travail se détériorer. Contrairement à leurs collègues hospitaliers, les infirmiers libéraux n’ont pas bénéficié des revalorisations promises par le Ségur de la Santé en 2021. « Cela fait quinze ans que les actes médicaux infirmiers n’ont pas été revalorisés, » souligne Gaëlle Cannat, coprésidente du CILEC (Collectif des infirmiers libéraux en colère). Avec une inflation galopante, beaucoup de cabinets sont au bord de la fermeture. Une étude indique que 58% des cabinets pourraient fermer d’ici cinq ans si le gouvernement n’agit pas.
Grève des Soins Pendant les JO
Le CILEC et plusieurs syndicats ont décidé d’utiliser la médiatisation des Jeux Olympiques pour faire entendre leur voix. « Les Jeux olympiques, c’est un moment charnière, et on s’est dit que c’était le moment pour montrer qu’on était un peu désespérés » explique Gaëlle Cannat. Les infirmiers libéraux menacent de ne pas soigner les touristes si le gouvernement ne répond pas à leurs demandes de revalorisation financière urgente.
Des Tarifs Gelés et des Conditions Dégradées
Depuis 2009, les tarifs des actes infirmiers n’ont pas évolué. La facturation d’un pansement, par exemple, est toujours de 6,5 euros dont il faut déduire 64% de charges. La sécurité sociale rembourse même moins qu’avant certains actes lourds effectués à domicile. Les infirmiers refusent souvent certains soins car ils coûtent plus cher qu’ils ne rapportent. « Il faut choisir entre les patients ceux qui sont les plus rentables » déplore Alexandra V., infirmière libérale.
La Proposition de Loi sur les Aides-Soignants indépendants
Pour aggraver les choses, une proposition de loi soutenue par plusieurs députés de la majorité présidentielle vise à instaurer un statut d’aide-soignant indépendant. Cette proposition inquiète les infirmiers libéraux qui y voient une menace de « concurrence tarifaire » et de « perte d’activité ». « Instaurer un statut d’aide-soignant indépendant avec une délégation d’actes des infirmiers vers les aides-soignants alors même que le nouveau référentiel de compétences infirmières n’est pas connu est un véritable non-sens » déclare le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil).
Un appel à la négociation
Les infirmiers libéraux demandent des négociations avec l’Assurance Maladie et le gouvernement. Ils espèrent une revalorisation tarifaire avant Noël. « Ce serait une reconnaissance bien méritée » estime Alexandra V.. Si le gouvernement n’écoute pas leurs demandes, les cabinets libéraux pourraient réellement fermer. « Aujourd’hui, la Cnam peut encore agir pour empêcher la formation de déserts infirmiers, mais demain il sera peut-être trop tard ».
Le forum des infirmiers libéraux, organisé par la Fédération nationale des infirmiers (FNI) à Nîmes les 11 et 12 juin, sera une nouvelle occasion pour la profession de faire entendre sa voix. Les infirmiers libéraux, rouage essentiel du maintien à domicile, sont déterminés à obtenir la reconnaissance et les conditions de travail qu’ils méritent.
Source : Midi Libre, Le Figaro, Egora, France info.
